Chômage dû au coronavirus : l’Europe limite les dégâts, pas les États-Unis

Chômage dû au coronavirus : l’Europe limite les dégâts, pas les États-Unis

La pandémie du coronavirus fait grimper les chiffres du chômage aux États-Unis à des niveaux qui s’apparentent à ceux de la Grande Dépression. La crise sanitaire que traverse le pays a obligé le gouvernement à mettre hors circuit de grands pans de l’économie américaine. Conséquence : plus de 17 millions de personnes ont souscrit au programme d’aide étatique au cours des quatre dernières semaines. En Europe, la situation semble moins dramatique… Plus de détails sur le sujet avec http://www.parlorama.eu, le site spécialisé dans l’actualité européenne.

L’Europe n’est-elle pas aussi en confinement ?

Soyons clairs : bien qu’elle soit moins dramatique qu’aux Etats-Unis, la situation économique en Europe n’est pas des plus joyeuses. A titre d’exemple, la Banque centrale française estime que l’économie de l’Hexagone s’est contractée de 6 % au cours du premier trimestre, soit la pire chute depuis 1945. Mais jusqu’à présent, les salariés français sont largement protégés. Partout en Europe, de nombreux gouvernements sont intervenus avec des programmes coûteux de subventionnement des salaires pour éviter les licenciements.

Cela dit, les conséquences économiques du coronavirus ont été dramatiques. D’importants instituts économiques allemands prévoient une hausse du chômage en Allemagne cette année, allant de 0,2 à 0,5 point. L’institut de recherche économique IFO pense que le taux de chômage en Allemagne atteindra un pic d’environ 5,9 % au milieu de l’année avant de se stabiliser (notons toutefois que dans la plupart des pays européens, les chiffres officiels du chômage ne sont pas publiés aussi rapidement qu’aux États-Unis, de nombreux chiffres restent donc des estimations pour l’instant). Comparée aux Etats-Unis, où JPMorgan Chase estime que le chômage pourrait atteindre 20 % au deuxième trimestre, l’Allemagne et d’autres pays européens n’ont pas à se plaindre.

Les programmes de subventions se multiplient en Europe

En Europe, la demande de subventions publiques a été énorme, ce qui laisse supposer que, sans ces programmes, les licenciements seraient beaucoup plus nombreux. En Allemagne, par exemple, 650 000 employeurs avaient notifié la semaine dernière aux agences pour l’emploi leur intention d’utiliser le programme national de chômage partiel. Dans le cadre de ce système, les employés voient leurs heures réduites et le gouvernement leur verse jusqu’à deux tiers de leur salaire normal, tandis que l’employeur ne paie rien ou presque. Une fois que l’employeur est prêt à payer à nouveau le salaire complet, tout revient à la normale, et il n’y a pas de licenciements !

De nombreux économistes attribuent au système le mérite d’avoir permis à l’Allemagne de revenir en force après la crise financière mondiale de 2008, puisque ses entreprises n’ont pas perdu l’expertise de leurs travailleurs et étaient prêtes à tourner à plein régime une fois la reprise amorcée. Cette fois, de nombreux pays européens ont imité leur voisin germanique.

… mais à quel prix ?

Naturellement, les programmes de subventions coûtent cher à l’Europe, mais il en va de même pour une contraction économique majeure. Les allocations de chômage ordinaires en Europe ont également tendance à être plus généreuses que celles offertes aux États-Unis, de sorte que la différence entre subventionner l’emploi et amortir le coup des licenciements est plus limitée.

Les agences pour l’emploi allemandes ont déjà demandé 11 milliards de dollars supplémentaires pour aider à répondre à la demande. Le système français, quant à lui, couvre déjà 8 millions de personnes, soit un tiers des travailleurs du secteur privé du pays. Le gouvernement français couvrira jusqu’à 84 % du salaire d’un travailleur, et le ministère du travail estime que les coûts s’élèveront à 21 milliards de dollars au cours des trois prochains mois.

En conséquence, comme en Allemagne, la hausse du chômage en France sera probablement assez limitée. Une société d’analyse privée, Xerfi, estime que le taux passera à 9,6 % cette année, contre 8,5 % en 2019. Cette hausse, bien qu’assez conséquente, n’est qu’un contretemps relatif par rapport à l’ampleur de la crise économique causée par la pandémie. La ministre française du Travail, Muriel Pénicaud, a déclaré que la moitié de l’économie du pays s’est arrêtée.

En Grande-Bretagne, le gouvernement a promis de subventionner jusqu’à 80 % des salaires des travailleurs tant qu’ils ne sont pas licenciés, mais il a du mal à mettre en place son programme. L’Institute for Employment Studies estime que le coût du programme britannique pourrait s’élever à 50 milliards de dollars sur trois mois. L’institut estime aussi que le chômage a déjà doublé, passant de 3,9 % à 7,5 %, ce qui est supérieur au point le plus haut de la crise qui a débuté en 2008.

De son côté, l’Italie, durement touchée, a tout simplement interdit à ses entreprises de procéder à des licenciements pendant 90 jours.

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